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Journée mondiale de la justice sociale

La pauvreté semble, de prime abord, être une notion facile à comprendre mais il n’en est rien. La pauvreté a de multiples visages: femmes, jeunes, personnes âgées, travailleuses·eurs, … et la crise sanitaire du Covid-19 n’a fait qu’aggraver les conditions de vie des publics déjà vulnérables.

1% des plus riches de la planète contrôlent 40% des richesses du monde, tandis que la moitié la plus pauvre de l’humanité ne contrôle pas plus de 1% des richesses.

Le secteur culturel lourdement impacté
De nombreux travailleurs ne disposent pas d’un salaire décent, ce qui les contraint à limiter leurs dépenses. C’est le cas, par exemple, de beaucoup d’artistes qui, en l’absence de statut, n’ont accès qu’à de faibles rémunérations, tout à fait aléatoires. Le secteur culturel, lourdement impacté par les mesures mises en place pour enrayer la pandémie, a vu les conditions de vie de ses travailleurs s’aggraver davantage.

Les familles monoparentales particulièrement exposées
Au-delà de l’emploi, la composition du foyer est aussi un facteur déterminant de pauvreté. Comme l’explique le Docteur en psychologique François Ghesquière, « quand on travaille mais qu’on est seul, avec des enfants à charge, un salaire n’est souvent pas suffisant pour vivre dignement ». Or, les familles monoparentales représentent une famille sur quatre en Belgique. Enfin, 80% d’entre elles ont, à leur tête, une femme et ce sont parmi les mères monoparentales, que le risque de pauvreté est le plus accru. En cause ? Leur position défavorable sur le marché du travail (salaire moindre à travail égal, travail à temps partiel, carrière incomplète, …).

Vers une individualisation des droits
Réduire ces inégalités, c’est repenser notre système d’allocation des droits sociaux. Ceux-ci ont été conçus, à l’époque de la création de notre Sécurité sociale, pour protéger l’épouse et les enfants du mari travailleur, afin qu’ils bénéficient également d’une protection sociale. Il s’agit d’un système basé sur une vision traditionnelle de la famille, où le mari ramène de l’argent, et où l’épouse reste à la maison. En 75 ans, les choses ont bien changé … les familles aussi. Il est donc important de rendre les droits sociaux individuels, et non plus basés sur la composition du foyer, ce qui éviterait pour beaucoup de basculer dans la pauvreté.

Des soins de qualité sans concession
La justice sociale, c’est également un accès pour tous à des soins de santé de qualité. Hors, les différentes enquêtes de Solidaris démontrent qu’en matière de soins, les inégalités progressent d’année en année pour la simple et bonne raison que la santé a un coût qui est de plus en plus difficile à supporter pour une proportion grandissante de la population. En Wallonie et à Bruxelles, presqu‘1 personne sur deux qui en avait besoin (46,9%), a renoncé au moins à un soin pour des raisons financières. Là encore, ce sont les familles monoparentales, plus souvent des femmes, qui sont très durement touchées par le report de soins avec un taux qui dépasse les 60%.

Un toit pour toutes et tous
En Belgique, voilà plus de 20 ans que le droit à un logement décent est inscrit dans la Constitution. Cependant, la part consacrée au logement pèse de plus en plus lourd dans le budget des ménages. On constate néanmoins une grande disparité entre le quart des ménages les plus modestes, qui y consacre en moyenne 39 %, et le quart des ménages les plus riches, qui y consacre 23 %. Le logement est devenu un facteur supplémentaire d’exclusion pour les publics fragilisés.

Quand justice sociale rime avec justice fiscale
Certains s’accordent à dire que les pratiques fiscales mises en place par l’État sont l’une des principales causes de la pauvreté. Une plus grande justice fiscale rétablissant un équilibre entre la taxation des revenus du capital et du travail permettrait de mobiliser des montants considérables. Ces fonds permettraient de réduire les inégalités et de mobiliser les moyens nécessaires pour financer de vrais projets collectifs.

Dans notre pays, plus de 2 millions de personnes courent un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale,
soit une personne sur 5.

La pauvreté est une réalité complexe et multidimensionnelle, entourée de nombreuses idées reçues.
Un projet de société beaucoup plus juste, où les écarts de richesses sont réduits et où chacun peut vivre une vie digne, est tout à fait possible. Pour cela, chacun doit contribuer à la hauteur de ses moyens. Une véritable justice fiscale ne verra le jour qu’avec une meilleure taxation sur les hauts revenus.